Dans le cadre du cours ASS2067 (hiver 2019), mes collègues et moi avons travaillé sur la cas d'un élève (utilisation d'un nom fictif) ayant la dyslexie et la dysorthographie comme défis à l'école. Voici la description de son profil ainsi que les actions mises en place par la famille et l'école :
Thomas est un petit garçon âgé de 11 ans, actuellement il est en cinquième année du primaire, il a doublé la troisième année, car il éprouvait des difficultés d’apprentissage.
En troisième année, Thomas a commencé à éprouver un manque d’intérêt pour aller à l’école. En classe, les enseignantes ont remarqué un changement de comportement chez lui. Il est devenu de plus en plus renfermé sur lui. Les enseignantes ont décidé de convoquer ses parents pour discuter de sa situation. Après plusieurs rencontres avec ses parents, ces derniers ont décidé de commencer les démarches pour procéder à son évaluation avec un spécialiste. Après les rencontres avec un ergothérapeute, Thomas a eu un diagnostic d'hyper réactivité sensorielle, ce qui explique ses difficultés à interagir, à contrôler ses émotions, voire à porter son attention sur les bonnes informations pour apprendre.
Les parents ont commencé à faire des exercices suggérés par l’ergothérapeute, mais Thomas éprouve encore des difficultés au niveau des apprentissages et du comportement. Après une autre évaluation avec un psychologue et un orthophoniste, Thomas a eu un autre diagnostic de dyslexie et une dysorthographie à la fin de sa troisième année. Les parents ont décidé avec l’équipe de l’école que Thomas devrait refaire son année scolaire afin de mieux l’outiller et le soutenir dans ses apprentissages. Après avoir reçu un plan d’intervention et avec l’aide des parents, les enseignants et les spécialistes, Thomas a pu s’améliorer et réussir sa troisième année.
Thomas est un garçon autonome, sociable, il déploie beaucoup d'efforts malgré les difficultés auxquelles il devait faire face. Il s’intéresse aux jeux de société. Il aime la musique et il pratique une activité sportive. Il ne présente pas d’incapacité physique ni intellectuelle. D’après les informations recueillies, Thomas démontre de bonnes habiletés sociales avec ses pairs et son entourage. Il réussit bien en mathématiques comme la résolution de problèmes et les calculs mentaux. Il maîtrise les outils technologiques et électroniques. Actuellement, il s’implique beaucoup dans le projet d’école sur la robotique. Concernant ses défis, il éprouve des difficultés en lecture, en écriture, en orthographe et dans la structure des phrases.
Actuellement, Thomas est suivi à l’école par une orthopédagogue qui lui propose des stratégies d’apprentissage et des méthodes de travail efficaces en classe. Thomas consulte une semaine sur deux une orthophoniste (au privé). Malgré ses défis, Thomas est capable de lire des mots, des phrases et des paragraphes. Il a une lecture générale et comprend sommairement un texte. Lors des lectures, Thomas n’a pas de fluidité.
Thomas fréquente une école à aire ouverte, ce concept a été adapté aux besoins changeants des élèves, l'enseignement en aires ouvertes permet entre autres d'offrir aux élèves une variété d'approches pédagogiques, et par conséquent de respecter les différents styles et rythmes d'apprentissage, tant des élèves doués que de ceux qui présentent des besoins spécifiques. Dans la classe de Thomas, les enseignantes utilisent le modèle de coenseignement c’est-à-dire que dans une seule classe on retrouve environ 50 élèves. Ce sont les deux enseignantes qui animent les cours.
Selon Tremblay (2015), on peut définir le coenseignement comme un travail pédagogique en commun, dans un même groupe, temps et espace, de deux enseignantes qui partagent les responsabilités éducatives pour atteindre des objectifs spécifiques (Friend et Cook, 2007). Cette collaboration peut se mettre en place à temps partiel ou à temps complet. Le coenseignement offre l’avantage de réduire le ratio enseignant/ élèves pour permettre aux premiers d’interagir plus souvent avec les élèves en difficulté et leur fournir un enseignement plus individualisé et intensif (Friend et Cook, 2007), tout en étant moins stigmatisant (Murawski et Hughes, 2009).
Dans la classe de Thomas, les enseignantes se concentrent sur les comportements positifs et donnent seulement des points aux élèves sans les enlever quand ces derniers ont des comportements négatifs. Le système d’émulation se base sur le groupe plutôt que l’individuel pour encourager la collaboration et la coopération. Par exemple : les élèves ont le droit de jouer au gymnase quand ils atteignent 600 points.
En classe, les enseignantes travaillent fort pour répondre aux besoins de chaque élève, elles utilisent beaucoup la différenciation pédagogique. Elles proposent des plans de travail différents selon le niveau de chacun. Le plan de travail permet aux élèves d’avancer à leur rythme et d'être plus autonomes dans leur apprentissage. Lors des travaux, elles donnent plus de temps et d’accompagnement pour les élèves en difficultés. Le coenseignement permet d’avoir plus de disponibilité de la part des enseignantes pour faire un bon suivi des plans d’intervention mis en classes. Dans cet environnement, les enseignantes encouragent la collaboration et l’entraide entre les élèves. Par exemple, quand un élève a fini son travail il pourra aller aider un autre pour réaliser la tâche.
Dans cette école, l’équipe a choisi de faire une évaluation des plans d’intervention chaque trimestre. On donne de petits objectifs atteignables sur une courte durée afin d’encourager les élèves en difficultés. À la fin de l’année scolaire, l’équipe-école rencontre les parents afin de souligner les accomplissements et de déterminer les objectifs pour le début de l’année suivante.
Dans notre plan d’intervention, on va prendre en considération les difficultés associées à ces troubles, la dyslexie et la dysorthographie, car celles-ci présentent des obstacles sur ses apprentissages. Concernant l'hypersensibilité sensorielle, grâce aux stratégies mises en place par l’ergothérapeute à l’école et à la maison, ce problème est moins présent actuellement. D’après les observations faites en classe, Thomas a le droit à un tiers de temps supplémentaires. Pour la lecture, il utilise la rétroaction vocale de WordQ (voir définition en annexes). En Écriture, Thomas utilise les fonctions de prédictions de mots de synthèse vocale.
Références :
Les trois références sont citées dans : Goupil, G. (2014). Les élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage (4 e éd.). Montréal : Gaëtan Morin Éditeur, 360 pages.