Analyse critique d'un article : Pourquoi les enseignants débutants ne se sentent-ils pas assez soutenus ?

Ce travail a été réalisé dans le cadre du cours DDM-3551-hiver 2021.

Tout d’abord, le monde de l’éducation connait plusieurs turbulences surtout après le début de la pandémie. Les enseignants demeurent sans convention collective depuis plus d’un an. Ils déplorent leurs conditions de travail et le manque de coopération du gouvernement. Ces conditions ont poussé bien de personnes à abandonner la profession. Plusieurs causes sont rattachées à cette rupture, mais je vais essayer d’en présenter l’une d’elles, abordée dans l’article de Carpentier et al. (2019) concernant le manque de soutien offert en début de carrière. Par la suite, un nombre de limites liées à cette recherche sera abordé afin d’élargir les raisons du décrochage ainsi que l’échantillonnage. Enfin, je terminerais par une courte synthèse de la question.

Carpentier et al. (2019) se sont penchés sur les types de besoins soulevés par une série de questionnaires (n=156 participants) et une entrevue (n=10 personnes) réalisés avec des instituteurs en début de carrière (moins de 5 années). Leur recherche a permis de dresser le portrait des types de besoins et leur perception du soutien reçu.

Parmi les besoins abordés, on retrouve : « 1) les besoins de soutien liés à la socialisation organisationnelle qui réfèrent à l’intégration et à l’acclimatation à un nouveau milieu professionnel ; 2) les besoins de soutien liés à l’enseignement qui renvoient au développement des compétences professionnelles spécifiques à l’acte d’enseigner (planification, enseignement, évaluation) ; 3) les besoins de soutien liés à la gestion de classe qui font référence à la création d’un climat de classe propice aux apprentissages de tous les élèves ; 4) les besoins de soutien liés à la différenciation pédagogique qui englobent l’acquisition des compétences requises pour répondre aux besoins hétérogènes des élèves ; 5) la dimension personnelle et psychologique qui touche les aspects affectifs de l’insertion professionnelle » (Carpentier et al., 2019). Ces auteurs se sont concentrés beaucoup plus sur la perception du besoin reçu, car cela va permettre de connaitre la pertinence des besoins offerts.

Selon les résultats obtenus, la majorité des types de besoins sont identifiés comme moyens ou importants. En première place, on retrouve ceux liés à la gestion de classe (78 %) et à la différenciation pédagogique (78 %). Néanmoins, les trois autres types de besoins demeurent tout autant importants pour les enseignants tels que : la socialisation organisationnelle (71 %), de nature personnelle et psychologique (69 %) et ceux liés à l’enseignement (65 %). Les résultats d’association entre les types de besoins et la perception de besoin reçu, par les participants ayant déclaré avoir des besoins moyens ou importants, démontrent que ceux-ci n’ont pas vraiment perçu avoir reçu un soutien significatif sauf pour la gestion de classe. Cette recherche a mis en lumière plusieurs raisons quant à la perception des professeurs concernant les besoins reçus. En effet, ceux-ci parlent de l'absence de soutien psychologique, soutien reçu au mauvais moment en début de carrière, le manque de collégialité de la part des collègues, peur d’être perçus comme non compétents, etc.

Comme toute recherche, celle-ci présente des limites. Celle citée par les auteurs en est la plus importante : quatre années séparent le questionnaire des entrevues, ce qui peut jouer sur la qualité de réponses obtenues (oublis, changement de perception, etc.). Par contre, on peut dresser une liste de plusieurs autres limites liées à ce thème de recherche telles que :

1- L’inclusion de participants qui ont quitté la profession avant d’atteindre 5 ans d’ancienneté. Cela aurait augmenté l’échantillon de recherche qui la rendrait plus significative ;

2- Un besoin important lié aux tâches de l’enseignement (évaluations et bulletin) et le niveau de maitrise par ceux-ci. Par exemple, les obligations administratives telles que les bulletins sont apprises lors des stages, mais a-t-on le soutien nécessaire en début de carrière ?

3-L'épuisement professionnel lié au manque de ressources ;

4- La précarité qui peut être centrale dans la décision de quitter la profession, etc.

Pour finir, l’enjeu de la rétention de la relève demeure central surtout en contexte de pénurie d’enseignants qui demeure alarmant depuis quelques années au Québec. Cet article démontre bien qu’il existe plusieurs paramètres qui entrent en jeu, surtout en début de carrière, concernant le décrochage du personnel éducatif. Il serait donc pertinent de se pencher davantage sur cette question afin de garantir l’avenir de la profession et de nos enfants.

 

Référence :

 

Carpentier, G., Mukamurera, J., Leroux, M. & Lakhal, S. (2019). Pourquoi les enseignants débutants ne se sentent-ils pas assez soutenus ? Phronesis, 8 (3-4) ,5–18. https://doi.org/10.7202/1067212ar

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